Les règles du savoir-vivre dans notre société moderne...

Jean-Luc Lagarce
2022

Distribution

Mise en scène & jeu : Davyd Chaumard / Serge Pillot / Étienne Leplongeon
Costumes : Pierre-Yves Loup-Forest
Regard extérieur : Émilie Guiguen

Dates

du 14 au 15 juillet 2022 : Festival Nuits de Rêves, Rosières (Haute-Loire)

05 octobre 2022 : La Rotonde, Villeurbanne

03 mars 2023 : Saint-Rémy

12 mai 2023 : Roussas

13 mai 2023 : Théâtre du Rond-Point, Valréas

du 16 au 21 janvier 2024 : Théâtre de l'Iris, Villeurbanne

affiche les regles portrait

À propos

« Naître, ce n’est pas compliqué. Mourir, c’est très facile. Vivre, entre ces deux événements, ce n’est pas nécessairement impossible. Il n’est question que de suivre les règles et d’appliquer les principes pour s’en accommoder. »
Jean-Luc Lagarce

Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne est un manuel à l’usage des jeunes filles, édictant les us et coutumes d’une vie rangée permettant de bien gérer son chemin de vie : règles de baptême, choisir son fiancé, cérémonie de mariage etc., le tout dans une société masculiniste sûre de la supériorité de ses codes.

Ce texte est l’adaptation par Jean-Luc Lagarce d’un célèbre manuel de savoir-vivre de la fin du 19e siècle : Usages du monde, qui connut en moins de dix ans plus de 130 rééditions et eut une influence durable. La Baronne Staffe y décrit, édicte et commente les règles à suivre pour affronter sereinement et efficacement les grands moments de l’existence.

Note d'intention

Derrière l’exubérance, l’acidité et le rire que suscite ce texte, percent d’autres questions plus profondes, comme autant de failles à explorer.

Appuyer le rapport maître/esclave et la question de l’égalité homme/femme

Ce texte, derrière son humour décapant et ses jeux sur les mots, nous parle aussi des violences faites aux femmes, par le patriarcat, certes, mais aussi par les femmes elles-mêmes…

À travers son oeuvre, Jean-Luc Lagarce s’est toujours questionné sur le rapport entre le maître et l’esclave, avec des pièces comme Les Serviteurs.
Le texte de Les règles du savoir-vivre dans la société moderne n’y échappe pas.
La Dame, qui nous présente ces règles, est une représentante patentée de la classe des maitres, elle n’en est pas pourtant pas moins une esclave.
Esclave du patriarcat, de la bonne volonté de son mari, elle atteint un certain pouvoir avec l’âge. Alors, elle devient à son tour le bourreau de générations de jeunes filles qui vont lui succéder, en les maintenant dans ces préceptes d’un autre temps. Pour garder son (peu de) pouvoir, elle défend la supériorité de l’homme et maintient ses semblables dans l’asservissement et
l’obéissance, seule voie de salut selon elle.

Pour mettre en scène ces violences et les rapports de dominations qui en découlent, nous avons choisi de distribuer ce texte autour de 3 générations de femmes, chacune étant à une étape décisive de sa vie et des règles à y appliquer. Cela nous permet de donner à voir les jeux de pouvoirs entre ces 3 femmes et les relations délétères évoquées dans le texte. Faire entendre la cruelle actualité de ce texte, malgré ses airs désuets

L’ironie impitoyable, dont Lagarce teinte son texte avec un bonheur communicatif, est un pied de nez salutaire aux trop nombreux « c’était mieux avant » que l’on voit fleurir dans notre société contemporaine.
Il démonte les rouages d’une société bourgeoise, rétrograde et « bien pensante », pour nous donner à voir toute sa perfidie et toute son absurdité. La femme est réduite à une chose agréable à regarder et au service de son époux. L’homme est réduit à la teneur de son portefeuille.
Les sentiments, la liberté ou la réflexion ne sont dans cette société « moderne » que futilités et billevesées dont il convient de se débarrasser…

C’est parce que la Dame, qui nous décrit ces règles, le fait sans l’ombre d’un doute sur la normalité de celles-ci, que nous pouvons, nous public, nous poser des questions sur leur bien-fondé et nous rendre compte de leur absurdité…

Oser le travestissement, transgresser la norme pour mieux dénoncer le propos

Outre la performance du travail de comédien, le travestissement accentue donc la théâtralité du texte.
Qui mieux qu’un travesti peut nous rendre l’absurdité des propos surannés de la Dame ?
En effet, il s’oppose par nature à l’idée de genre que celle-ci décrit et qui se limite à la femme coquette et silencieuse, et à l’homme viril et argenté. Le tout dans une évidente hétérosexualité normative…

Le travesti permet donc d’accentuer l’ironie de Lagarce, mais aussi de lui rendre hommage. Il teinte la forme du spectacle et son propos de notions d’homosexualité ou de question d’identité sexuelle et/ou de genre, chères à l’auteur et d’actualité dans notre société contemporaine.